Censure


Comment parler de censure sur Internet sans prendre exemple sur la pays maître en la matière: la Chine, premier pays pour l'usage de la Toile avec 253 millions d'internautes.

Dans l'Empire du milieu, ce sont des milliers de sites web qui sont interdits d'accès et autant de messages effacés sur des forums chaque jour. Pour la plupart, ces sites et messages sont censurés car contraires aux intérêts du Parti Communiste au pouvoir. C'est donc l'Etat qui mobilise un dispositif technique, humain et légal impressionant pour empêcher la société chinoise de s'exprimer librement. L'image ci-dessus montre les différentes étapes de la censure. Tout d'abord, il existe sur le territoire chinois 5 points d'entrée du réseau. En raison de ce premier filtrage, il est aisé pour les autorités de bloquer à la source des sites tels que Reporters sans Frontières, des sites taiwanais ou encore ceux de Tibétains en exil. Les FAI-Fournisseurs d'accès à Internet- sont soumis en Chine à des contraintes légales très strictes. Le gouvernement impose par exemple aux fournisseurs d'accès de stocker les mails envoyés pendant 60 jours, qui sont responsables de leur site et leurs forums de discussion. Ils appliquent donc les mesures de l'Etat chinois et constituent ainsi un deuxième point de filtrage de l'information. Enfin, le contrôle des e-mails s'effectuent en plusieurs étapes. Des logiciels appelés "Big Mamas" bloquent les textes contenant certains mots-clefs, comme les noms de dissidents, des dirigeants,... Ces textes sont ensuite transférés vers des censeurs humains afin de juger si les messages peuvent être diffusés sur les forums. Grâce à de grandes compagnies internationales, la Chine est équipée d'un système technologique très élaboré, qui lui permet de remonter aux auteurs des textes censurés. En novembre dernier, les autorités de Pékin ont décidé de prendre en photo les usagers des cybercafés et de scanner leurs cartes d'identité. Le tout est transmis aux autorités et garder précieusement.

Nous avons ensuite tenté une petite expérience avec Google, moteur de recherche de 92% des Français et de 25% des Chinois, et Baidu, qui détient 60% du marché chinois.

Nous avons lançé une recherche d'image en français, puis en chinois avec le même mot clef sous Goolge, à savoir "tiananmen", nom de la place qui accueillit de nombreuses manifestations contre la corruption et pour des réformes politiques et démocratiques, sévèrement réprimées par le régime, en 1989. Il ne reste plus qu'à comparer. Nous avons effectué la même recherche avec Baidu, en chinois bien évidemment.

Le verdict est unanime: les résultats de la recherche sont bien différents entre les deux pages de Google. La page en français nous montre des chars défilants dans les rues, et des images des manifestants et de la sanglante répression. La seconde recherche est illustrée d'une magnifique place fleurie et illuminée. Cette petite démonstration nous prouve que même les "géants" étrangers comme Google et Yahou!, compte tenu de l'immense marché chinois, se soumettent aux exigences du gouvernement. Quand à Baidu, déjà accusé de collaborer avec les autorités communistes, comme avec la censure des informations sur le fabriquant de lait frelaté en septembre dernier, aucune information n'apparaîtra sur le massacre.


Les pays en gris reconnaissent surveiller le Net. Au-delà de la censure chinoise, d'autres pays, en rouge sur cette carte, censurent le web principalement pour une raison: museler l'opposition politique. Mais d'autres raisons existent: l'Arabie Saoudite censure l'homosexualité, les blogs traitant d'Israël, la Syrie ceux relatifs à la minorité kurde, l'Iran concernant le droit des femmes... Le Turkménistan interdit même l'usage du web à la majorité de la population. On peut même se demander si l'Australie, qui vient de débloquer 62 millions d'euros pour un système gigantesque de filtrage au nom de la lutte contre les sites pédophiles, ne fera pas partie un jour des pays ennemis d'Internet.

Mise à jour du 25 juin 2009:

Après la coopération de multinationales comme Microsoft, Yahou! ou Google (voir ci-dessus), on peut se demander si les fabricants de PC, à l'instar de Dell ou HP, voudront bien équipés leurs machines avec le Green Dam. Ce logiciel, mis en application prochainement par le Parti Communiste Chinois [ le 1er juillet ], a pour vocation de "bloquer l'accès aux pages pornographiques et violentes pour protéger les jeunes" d'Internet. On peut également tout est fait y voir la main mise de Pékin sur l'Internet chinois, pour interdire les sites sur le Tibet par exemple. RSF continue à dénoncer "un scénario digne de Big Brother". Il ne reste plus qu'à prier pour que les firmes ne se laissent pas influencer par les intérets économiques de la chose...

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